THEMATIQUES

Photo de famille avec Mme Mahoua BAMBA PARUMSLe Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA)  a organisé une conférence le 12 février 2018, en collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés au Burkina Faso (HCR), une conférence sur le leadership au féminin à l’intention des jeunes filles réfugiées du camp de Goudebou à environ 10 km de Dori. Avec pour thème « Le leadership au féminin », cette conférence relève du projet d’autonomisation des femmes et des filles, financé par le Fonds Canadien d’Initiatives Locales.

Pour la plupart, des filles, ce sont des élèves  qui ont participé activement à cette activité appuyée techniquement par le HCR et la Commission Nationale pour les Réfugiés (CONAREF).

Le président du CIFDHA, a, au cours de son allocution, témoigné toute sa reconnaissance au HCR pour sa pleine implication à la présente conférence combien importante pour le CIFDHA, dans son caractère décentralisé, pour toucher des réalités autres que celles des villes comme Ouagadougou. Le statut d’élève réfugié n’est pas une fatalité, a-t-il laissé entendre. Il a invité les participants à être attentifs et à poser toutes les questions qu’ils jugeront nécessaires afin de mieux surmonter leurs difficultés et se battre pour occuper une place de choix dans la société.

D’entrée de jeu, avant de se prêter aux discussions à bâton rompu avec l’enseignante du jour, Mme Maouha BAMABA PARUMS, Représentante Résidente adjointe du HCR au Burkina Faso, les élèves ont joué un sketch pour dénoncer le faible taux de scolarisation des filles et le mariage forcé, comme des réalités de leur communauté et qui selon eux, sont des freins à l’épanouissement et à l’autonomisation des jeunes filles. 

Après ce sketch fort apprécié, la conférencière a remercié les élèves et a exprimé sa fierté et sa satisfaction pour la tenue d’une telle activité dans le camp des réfugiés. Pour elle, c’est une occasion pour mieux appréhender les difficultés, le vécu des jeunes élèves dans le camp, car cette rencontre se tient dans un cadre non formel, où les échanges sont plus ouverts.

Cette rencontre, pour elle est une tribune, un cadre idéal pour les élèves de poser des questions pertinentes afin de s’améliorer.

Avec une enfance mouvementé dû à la perte de son père, intervenu très tôt, son parcours scolaire, académique et professionnel, ont été des grands points soulevés par Mme PARUMS pour montrer  à quel point il est important de se fixer des objectifs et de travailler à les atteindre, de redoubler d’effort pour s’en sortir, de s’organiser pour relever les défis en alliant la vie professionnelle et la vie familiale.

La distance entre le lieu de résidence et l’école, l’obligation pour certains de se trouver des tuteurs, le manque de moyens financiers, sont entre autres des difficultés soulevés par les élèves au cours de la conférence.

L’enseignante du jour a surtout mis l’accent sur les bienfaits de l’éducation dans leur situation particulière qui leur permettrait de connaître les droits des réfugiés par exemple. Elle a exhorté les élèves à avoir un idéal dans la vie et de la volonté. Selon elle, avec un idéal et la volonté de réussir, une fille peut aller aussi loin qu’un garçon. Celle-ci a aussi interpellé les parents à jouer leur rôle d’éducateur car généralement ils sont les premiers modèles auxquels les enfants veulent ressembler. Par conséquent ils doivent donner le bon exemple et réunir les conditions autant que possible pour l’épanouissement de leurs enfants.

Et ces avec un sourire d’espoir que les élèves ont dit au revoir à Mme PARUMS et à toute l’équipe sur place à Dori.

Après cette conférence, rendez-vous est pris pour Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou et Tenkodogo.

« Entreprendre des actions visant à renforcer l’égalité des genres au Burkina Faso », tel est l’un des objectifs que s’est assigné le centre d’information et de formation en matière des droits humains en Afrique (CIFDHA). En organisant cette séance de sensibilisation au profit des jeunes filles sur le leadership féminin, le CIFDHA entend amener les jeunes filles à prendre conscience et à développer leur potentiel dans la quête de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes au Burkina Faso. Cette conférence publique de sensibilisation initiée par le CIFDHA ce 15 février 2018, a été animé par de  la coordonnatrice du système des Nations Unies au Burkina Faso en présence de l’Ambassadeur du Canada au Burkina Faso.
 

Ces instants de partage, de témoignages poignants ont fait couler les larmes des participants à cette conférence. Pendant plus de deux (02) heures d'horloge, ils ont été édifié(e)s d'apprendre tant de choses sur sa vie, son enfance, sa famille, son parcours scolaire, académique et professionnel, ses convictions, ses rêves, ses idéaux, les risques pris, les obstacles rencontrés et surmontés. Ils étaient plus de deux cent (200) élèves de la ville de Ouagadougou, des jeunes filles pour la plupart à avoir pris d'assaut la salle de conférence des Nations unies pour écouter, poser des questions et repartir avec l'intime conviction qu'elles doivent travailler à réaliser leurs rêves et leurs potentiels, dans la quête inlassable de l'égalité de genre.

 

Cette activité s’inscrit dans le cadre d’un projet soutenu par le fonds canadien d’initiative locale dans une optique de promotion d’égalité de genre au Burkina Faso. L’Ambassadeur du Canada au Burkina Faso, Monsieur Edmond WEGA, présent à cette conférence, a encouragé le CIFDHA dans sa dynamique et a félicité Mme MAKHETHA pour son dévouement. Il a aussi exhorté les élèves à travailler pour l’atteinte de leurs idéaux et que seul le travail l’Homme.

L’objectif général de cette activité est de sensibiliser les jeunes filles des lycées et collèges sur le leadership des femmes mais aussi d’œuvrer à la prise de conscience de leur potentiel, d’où le thème de cette présente rencontre « Engagement et leadership au féminin : prendre conscience et développer le potentiel des filles dans la quête de l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme au Burkina Faso ». A en croire, le Président du CIFDHA Urbain Yaméogo.

Le CIFHDA est très engagé sur la question de la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes. Pour arriver à bout de ce fléau, Urbain Yaméogo et son équipe se sont lancés dans la valorisation des modèles de femmes dont la vie et l’expérience peuvent servir et inspirer les filles. C’est ainsi que le CIFDHA a sollicité Madame Metsi Makhetha, coordonnatrice résidente du système des Nations Unies au Burkina Faso, par ailleurs représentante résidente du PNUD, Metsi Makhetha afin qu’elle s’entretienne avec les jeunes filles des différents établissements de la ville de Ouagadougou, pour leur raconter son histoire et surtout pour leur insuffler une nouvelle dynamique pour qu’elles aient envie d’activer leur potentiel et travailler à réaliser leur rêve. Un exercice auquel Metsi Makhetha s’en est bien sorti. En effet, durant deux heures d’échanges avec ces jeunes filles, Metsi Makhetha, s’est beaucoup appesanti sur l’autonomisation de la femme. Pour elle, cette autonomisation est une urgence non seulement pour l’Afrique mais aussi pour l’humanité. « L’autonomisation de la femme aujourd’hui ne peut passer qu’en relevant la conscience des jeunes filles », a-t-elle indiqué. Elle n’a pas occulté de faire le résumé de son enfance, en passant par l’adolescence puis sa carrière professionnelle.

Au passage, elle a salué l’initiative du CIFDHA, car pour elle, cette action permet aux filles d’activer leur engagement, leur potentiel. C’est pourquoi elle promet de soutenir ces jeunes filles dans leurs actions. « Nous continuerons à les accompagner dans la société mais aussi dans les institutions, car l’Afrique a besoin d’utiliser les potentiels de ses femmes, de ses hommes », a-t-elle lancé. Elle a,  en outres, invité les jeunes filles à la préparation, à la discipline et à la gestion de leur énergie.

Les élèves quant à eux, ont bien apprécié cet échange avec Metsi Makhetha. Elles n’ont pas hésité à poser des questions à l’oratrice du jour pour connaitre ses ambitions.

Elles promettent ainsi, se donner à fond pour lui ressembler un jour.

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L'ABOLITION DE LA PEINE DE MORT, NOTRE COMBAT !

Les initiatives en faveur de l'abolition de la peine de mort au Burkina Faso sont restées jusque-là vaines car la question divise fondamentalement la société burkinabè partagée entre les exigences en matière de droits humains qui impliquent le respect absolu du droit à la vie, et les nécessités de lutter contre le terrorisme et la grande criminalité, convaincus que certains sont que la peine de mort demeure un instrument de dissuasion.

Au Burkina Faso, certaines lois et en particulier la loi n°43-96 ADP du 13 novembre 1996 portant Code pénal énumère les infractions qui sont passibles de la peine de mort, qualifiée en son article 9 de peine afflictive et infamante. L’article 15 précise qu’au Burkina Faso la peine capitale s’exécute par voie de fusillade en un lieu désigné par décision du ministre chargé de la justice.

Toutefois, avec le retour à une vie démocratique normale à partir de 1991, aucune exécution suite à une condamnation à la peine capitale n'a eu lieu et de plus en plus de voix appellent à son abolition. Selon les statistiques du Ministère de la justice, des droits humains et de la promotion civique, 11 personnes sont dans le couloir de la mort. Les condamnations les plus récentes datent de 2015 à l'encontre de trois (03) personnes. Le Burkina Faso fait donc partie des pays abolitionnistes de fait. Il soutient depuis 2007 le Moratoire sur l’application de la peine de mort adopté le 18 décembre 2007 par la Résolution 62/149 de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Les organisations de promotion et de défense des droits humains ainsi que le département en charge des droits humains ont engagé depuis 2001 des actions visant l’abolition.

Ainsi en 2012 la question de l’abolition de la peine de mort a été mise sur la table des débats lors du Cadre de concertation sur les réformes politiques (CCRP). L'absence de consensus en faveur de l'abolition a conduit le Gouvernement à s'abstenir d'engager un processus dans ce sens. Toutefois le Ministère en charge des droits humains tout comme les organisations de promotion et de défense des droits humains ont poursuivi les actions de sensibilisation ainsi que le plaidoyer en faveur de l’abolition de la peine mort. Ainsi, bien qu'ayant refusé en 2013 lors de l'examen périodique universel les recommandations en faveur de l'abolition de la peine de mort, le Gouvernement burkinabè n'a pas manqué d'initiative en faveur de l'abolition.

En 2014, le Ministère des droits humains et de la promotion civique a initié un avant-projet de loi portant abolition de la peine de mort au Burkina Faso qui a été adopté par le Conseil des ministres le 15 octobre 2014. Toutefois, ce projet de loi transmis à l'Assemblée nationale n’a pu être examiné en raison de la survenue de l’insurrection populaire les 30 et 31 octobre 2014.

Par la suite le Président du Conseil national de Transition a repris à son compte le projet d'abolition sous forme de proposition de loi validée le 10 juin 2015 par le bureau du Conseil National de la Transition (CNT). La proposition soumise au Gouvernement de la Transition est restée sans réponse, et le CNT a repris l'initiative, enclenchant la procédure législative en vue de son adoption. Encore une fois de plus les divergences entre acteurs lors des consultations menées par la Commission des affaires institutionnelles, de la gouvernance et des droits humains (CAIGDH) et en particulier l'hostilité de la communauté musulmane retardera le processus d'abolition législative. La tentative de coup d'Etat de septembre 2015 a porté un coup fatal au processus.

Toutefois, la société civile réunie au sein de la Coalition nationale contre la peine de mort qui s'était faite entendre lors de ce processus de consultation s'est remobilisée plaidant en faveur de l'abolition de la peine dans le cadre des réformes constitutionnelles, institutionnelles et politiques. Elle est confortée dans ses efforts par la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) qui dans son rapport général a recommandé l'abolition effective de la peine de mort. Dans son rapport intitulé "Les voies du renouveau", la commission recommande au titre du renforcement des droits et devoirs des citoyens de : "abolir la peine de mort pour marquer l’adhésion au principe de la sacralisation de la vie et de la dignité humaine" (Cf. p. 82 du rapport). La Coalition nationale contre la peine de mort au Burkina Faso par le biais du Centre d'information et de formation en matière de droits humains en Afrique a soumis à l'OIF un projet intitulé "Action citoyenne en faveur de l'abolition définitive et irréversible de la peine de mort au Burkina Faso" qui a reçu l'appui de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans le cadre du 10ème FFDH. Des actions de communication, de sensibilisation, de plaidoyer, de formation ont touché les organisations de la société civile, les journalistes, les leaders religieux et coutumiers, les magistrats, les avocats et la garde de sécurité pénitentiaire et bien plus largement encore la population. Des émissions télévisuelles et des débats radiophoniques interactives ont permis de toucher une large part de l'opinion publique et de noter une ouverture progressive de la population à la perspective abolutionniste.

Conformément à ses engagements, le Président du Faso a mis en place en mars 2016 une Commission constitutionnelle pour la rédaction de la Constitution de la 5ème République. Elle a depuis lors engagé ses travaux, procédé à une consultation des acteurs dont la Coalition nationale contre la peine de mort dans le cadre de son plaidoyer. Le Président de l'Assemblée nationale auditionné par la Commission a apporté son soutien franc à l'abolition de la peine de mort. Le 10 janvier 2017 la Commission a publié un avant-projet de Constitution qui prévoit en son article 5 l'abolition effective de la peine de mort.

L'Assemblée nationale du Burkina Faso a abrité en décembre 2016 un séminaire parlementaire régional sur la peine de mort en Afrique subsaharienne francophone organisé par ECPM, la FIACAT, l'OIF, le Ministère français des affaires étrangères en collaboration avec des organisations locales membres de la Coalition nationale contre la peine de mort.

Le Gouvernement du Burkina Faso, à travers M. René BAGORO, Ministre de la justice, des droits humains et de la promotion civique a exprimé sa volonté d’abolir la peine de mort. Lors du Congrès régional africain tenu à Abidjan en Avril 2018, le Ministre a réaffirmé son engagement en faveur de l’abolition et la volonté de porter cette réforme jusqu’à son terme. Le 14 mars 2018, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi portant code pénal expurgé des dispositions relatives à la peine capitale. Transmis à l’Assemblée nationale, le nouveau code pénal a été adopté le 31 mai 2018 par 83 voix contre 42. Après plusieurs années de moratoire sur les exécutions, le Burkina Faso vient ainsi d’intégrer les pays abolitionnistes de droit pour les crimes de droit commun. Ce Jeudi 31 mai 2018 restera donc à jamais un jour mémorable pour les défenseurs de droits humains du Burkina Faso, et les abolitionnistes du monde entier.

Cette étape historique constitue l’aboutissement d’un long et intense travail de plaidoyer porté par la société civile à travers la Coalition nationale contre la peine de mort au Burkina Faso dont le Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA) est partie prenante. Cette coalition, mise en place par Amnesty International Burkina Faso, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples, et bien d’autres organisations en pointe dans le combat abolitionniste, a entamé depuis de nombreuses années des actions de sensibilisation du public, des formations ainsi que le plaidoyer auprès des autorités politiques. Bénéficiaire de l’appui du fonds francophone pour les droits humains en 2016, le CIFDHA a engagé avec les autres membres de la Coalition une campagne intitulée « Action citoyenne pour l’abolition définitive et irréversible de la peine de mort au Burkina Faso ». Le CIFDHA a aussi travaillé en étroite collaboration avec les parlementaires, notamment la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH) de l’Assemblée nationale et le Réseau des parlementaires burkinabè pour les droits humains (RPBDH), pour faire avancer la cause abolitionniste au sein de la représentation nationale.

Le Burkina Faso doit désormais parachever ce processus abolitionniste par la révision du Code de justice militaire qui contient toujours des dispositions prévoyant la peine de mort ainsi que l’adoption de la nouvelle Constitution qui prévoit cette abolition. Nous invitons enfin notre pays à engager la procédure de ratification du deuxième Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant l’abolition de la peine de mort.